A l'occasion de la démarche d' Alain Cocq auprès de Président de la République,
des adhérents souhaitent également rappeler au Président de la République la situation actuelle déplorable de la législation sur la fin de vie en France.
Ci-dessous des lettres envoyées par des adhérentes et publiées ici avec leur autorisation :
Vous avez reçu récemment la lettre de Monsieur Alain Cocq, lourdement handicapé à cause d’une maladie orpheline qui a décidé de mettre fin à ses jours en arrêtant les soins le 26 août prochain car rien d’autre ne lui est proposé.
Je soutiens tout à fait cette démarche.
Plus tôt une femme très âgée a décidé d’arrêter de se nourrir pour enfin finir sa vie.
Encore avant un homme de 86 ans s’est vu contraint de tuer son épouse qui souffrait trop et demandait à mourir. Il a raté son suicide et se retrouve en prison.
Il y a eu de nombreux cas similaires avant ces trois drames récents. La liste est longue, très longue quand on imagine les souffrances terribles que cela implique.
Et il y en aura forcément encore d’autres, tant que la France qui se prétend moderne restera avec une législature rétrograde que de nombreux pays autour de nous ont abandonnée depuis longtemps sans que cela donne lieu à des dérives que ceux qui s’opposaient à une telle loi annonçaient.
De nombreuses personnes âgées, ont commandé du pentobarbital et se sentaient rassurées de pouvoir quitter la vie sans souffrir quand elles le souhaiteraient, ont vu débarquer chez elles le 15 octobre dernier des gendarmes diligentés pour leur confisquer le produit illicite. Des octogénaires qui ne voulaient de mal à personne mais qui voulait seulement la possibilité d’exercer un acte libre se sont vues traitées comme des malfaiteurs.
Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, que tous ces faits montrent qu’il y a un problème dans notre pays. Le suicide assisté se pratique clandestinement, vous le savez bien, quand les personnes concernées n’ont pas les moyens financiers leur permettant d’aller trouver en Suisse ou en Belgique l’aide qu’ils demandent pour arrêter de souffrir. Ne serait-ce pas plus humain de leur permettre de choisir le jour et l’heure où, entourés de leur famille comme en Belgique, ils choisissent de partir. Il est grand temps que la France, pays moderne et pays de la liberté, se dote d’une loi adaptée.
Il est clair que la sédation terminale autorisée par la Loi Claeys-Leonetti ne résout rien puisque, dans les faits, il faut être déjà à l’agonie pour pouvoir en bénéficier.
La priorité a été donnée aux droits à la PMA et c’est très bien. Mais cela ne concerne que peu de personnes, alors que la fin de vie nous concernent tous sans exception ! On ne peut pas dire que la société n’est pas prête quand les sondages montrent au contraire qu’elle l’est à 80%.
Ces derniers mois on a beaucoup parlé de l’aide que l’on doit à « nos aînés » alors que dans les faits, ils n’ont droit qu’à du mépris. Qu’est ce qu’une personne âgée dépendante peut attendre de la tranche de vie qui lui reste ?
Un séjour en EHPAD où généralement le seul plaisir quotidien qui leur reste, les repas, sont forcément très mauvais puisque dans de nombreux établissements, même de bon niveau, le budget journalier pour les repas des résidents, est de l’ordre de 3 €, oui trois euros par jour ! Un séjour en EHPAD où on réduit le nombre des personnels ce qui entraîne à la maltraitance. On ne respecte pas « nos aînés », mais on utilise leur détresse pour faire du profit.
Tout cela montre que « nos aînés » et nos malades incurables comme Monsieur Alain Cocq, sont MÉPRISÉS. Ils sont exploités, infantilisés qu’ils veuillent terminer leur vie ou qu’ils vivent dans des maisons de retraite.
Vous ne risquez évidemment pas qu’ils manifestent avec leurs fauteuils roulants car ils n’en ont pas les moyens. C’est pourquoi vous les oubliez sans doute !
C’est pourquoi, je vous prie, Monsieur le Président, de considérer cette détresse infligée aux personnes âgées, et de faire en sorte d’une loi sur une fin de vie libre et digne, à la hauteur de la réputation de notre pays puisse être discutée et proposée au vote. De nombreuses propositions de loi ont déjà été déposées, mais sans un appui du gouvernement elles risquent de ne jamais voir le jour.
Je vous remercie vraiment de l’attention que vous porterez à cette demande qui reflète celle de très nombreuses personnes dans ce pays et vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma haute considération.
Nicole ERNEST
21, rue des Binelles
92310 SEVRES
* * * * * *
Lettre de Mme Christiane Conan
Monsieur le Président de la République.
Vous avez connaissance de l’état physique et psychique de M. Alain Cocq par la lettre qu’il vous a adressée.
Lourdement handicapé à cause d’une maladie orpheline qui s’aggrave de jour en jour, depuis 4 ans, il a décidé de mourir comme le lui permet la loi Léonetti, c’est à dire lentement dans de très grandes souffrances.
Il a choisi le 26 Août prochain. A sa demande, ses auxiliaires de vie vont arrêter ses sondes et ses perfusions et il recevra de la morphine, ce qui amènera inéluctablement sa mort, mais dans un temps incertain, dépendant de sa résistance à la morphine et des doses qui lui seront permises.
Comme vous le savez, la loi Léonetti permet l’arrêt des traitements (y compris hydratation et alimentation artificielles) et la sédation. La mort est inéluctable…mais comme résultat final non comme intention première. Malheureusement ces subtilités éthiques sont la cause de monstrueuses souffrances de grands malades qui ont déjà traverser de profonds tourments.
La France a été un des derniers pays à envisager de traiter la souffrance. Et on voit bien que les réticences longtemps prévalentes existent toujours. La souffrance a-t-elle donc encore une valeur rédemptrice dans notre pays laïque ?
La date, fixée par Alain Cocq au 26 Août, est aléatoire, mais sa détermination est très claire.
Donc, à partir de cette date, les soignants ne vont plus le maintenir en vie et, par conséquent, il mourra évidemment mais lentement dans de grandes souffrances.
Pourquoi ne pas lui procurer une mort douce, une euthanasie libératoire qu’il demande de façon réitérée comme un soin ultime à sa maladie ?
Je fais appel, Monsieur le Président de la République, à notre compassion.
Intervenez, s’il vous plaît, pour permettre à M. Alain Cocq de mourir sans passer par la case souffrance.
Christiane Conan, retraitée Education Nationale.
* * * * * *
Mme Thérèse STOLL